Cette question des réseaux sociaux, je me la pose depuis longtemps chez Latitudes. En janvier, on avait même commencé l’année en fermant notre compte sur X (ex Twitter). Terminé ce modèle qui mise sur la désinformation et cultive les émotions négatives. On aurait pu se dire « on reste, pour faire porter plus fort notre voix » mais d’une part je n’y crois pas, et de toute façon, on avait déjà abandonné X depuis un moment.
Mais plus largement, ces questions d’actualité font naître en moi beaucoup de questions : est-ce qu’on peut œuvrer pour un numérique acceptable en continuant de communiquer sur des réseaux « toxiques » ? Rappelons qu’en 2024, une personne française sur deux déclarait qu’elle préfèrerait « vivre dans un monde où les réseaux sociaux n’auraient jamais été inventés »*. Est-ce que notre présence est encore utile ? Doit-on accepter de renoncer (oh, vaste sujet !) ?
Je n’ai pas encore la réponse à toutes ces questions, mais ce que je sais, c’est que notre présence numérique a évolué au fil des années et des actualités. Aujourd’hui, on utilise principalement les réseaux sociaux pour partager de la veille, nos réflexions et parfois nos actualités. On n’a pas de logique d’acquisition mais on est forcément enthousiastes quand on voit qu’on peut avoir de l’écho 👀.
Et ce « mais » a toute son importance ici.
Il est révélateur du paradoxe auquel sont confrontés aujourd’hui les communicants et communicantes qui ont envie de mieux faire aujourd’hui. Ce paradoxe me fait penser à cette citation de Jean Anouilh :
« Il y a toujours un mais dans la vie, quand on gratte un peu la surface des choses. »
Et les exemples ne manquent pas à ce sujet : on critique le système mais on en fait partie. On cherche à créer du contenu authentique et aligné avec nos valeurs mais qui répond à des objectifs de communication. On cherche à avoir de l’impact sans se trahir mais on sait que pour faire passer un message ce qui ne se martèle pas s’efface. On cherche à faire de la communication plus responsable mais on est aussi soumis aux règles implicites de la communication.
Et si on revenait à l’essentiel, ça donnerait quoi ?
On a surtout envie de porter notre vision de la tech, et y associer toutes celles et ceux qui veulent le faire avec nous, et tout ça, dans une logique de communication « responsable ». Terminées ces logiques d’acquisition à gogo. Aujourd’hui, on privilégie la qualité à la quantité : faire moins, mieux, avec plus de justesse.
Alors, on ira à l’essentiel en privilégiant l’utile. 🙏
Et tel un phare dans la nuit, on pourrait garder en tête les piliers de la sobriété éditoriale de Ferréole Lespinasse pour s’améliorer collectivement sur le sujet :
✚ La communication doit refléter l’authenticité de l’organisation en alignant ses paroles et ses actes ;
✚ Les contenus doivent être utiles, faciles à utiliser et adoptés par les utilisateurs et utilisatrices ;
✚ Un bon contenu se distingue par sa clarté, sa simplicité et sa qualité ;
✚ Une communication responsable privilégie l’écoconception, limite les supports et réduit la fréquence des publications ;
Et dans le cas de Latitudes (en tant que collectif) j’ajouterais même un cinquième principe : la communication doit être plurielle et refléter la diversité des voix qui composent l’organisation. C’est aussi en partageant différentes perspectives que nous enrichissons nos messages. Et c’est précisément l’esprit de cet hebdo : chaque lundi, une personne de l’équipe prend la parole ici pour offrir son regard et ses idées du moment. Et ça, c’est quand même très chouette. ❤️
* D’après un sondage publié par le think tank Destin Commun - 2024
🎨 Illustration réalisée par Les Vigies