« Je demande à ChatGPT des choses que je n'ose pas demander à mes amis… ».
Ça, c’est la confession d'une lycéenne pendant un atelier Future of IA, alors que nous échangions sur ses usages de l'Intelligence Artificielle.
Et vous, quand vous avez une question personnelle ou intime à poser, vers qui vous tournez-vous ?
Aujourd’hui, j’aimerais vous proposer de prendre un moment pour réfléchir à la valeur que nous accordons aux réponses venues de l’extérieur, et à la manière dont nous faisons confiance à nos propres perceptions, émotions et pensées.
Accorder (plus) de valeur à l’extérieur, c’est comme un raccourci inconscient.
Il nous arrive toutes et tous de chercher, à l’extérieur, des réponses, voire des validations. C'est humain, notre cerveau cherche des repères externes pour s’orienter dans l’incertitude. Mais pourquoi accorde-t-on autant de poids aux avis et autorités des autres ? Prenons quelques exemples :
- Imaginez que vous vous êtes fait mal physiquement. Vous allez sans doute, consciemment ou non, faire plus confiance au diagnostic d'une personne en blouse blanche qu'à celui d’une personne en short et tongs.
- Souvenez-vous de cette femme qui a donné sa confiance et son argent à une personne se faisant passer pour Brad Pitt (et utilisant l'IA pour rendre sa couverture plus réelle). Aurait-elle été aussi loin sans l’influence de la notoriété ?
Ces deux exemples illustrent des biais cognitifs qui donnent particulièrement de poids et de valeur à une autorité provenant de l’extérieur. Ces biais, parmi d’autres, sont le résultat d’un fonctionnement naturel du cerveau et nous touchent toutes et tous à divers degrés.
Et qu’en est-il de la manière dont nous traitons nos informations intérieures ?
Je parle ici de tout ce qui touche à la confiance et l'estime de soi, à l'intelligence émotionnelle et aux compétences relationnelles. Ces bases nous aident à écouter nos émotions, nos pensées, et à leur accorder le poids qu’elles méritent. Ces informations sont façonnées par notre vécu, nos expériences et surtout, par l’environnement dans lequel nous avons grandi.
Et pourtant, même cette fondation intérieure peut vaciller sous la pression sociale. Les expériences de Solomon Asch (1951) et Stanley Milgram (1963) illustrent à quel point la pression sociale et l’autorité peuvent brouiller notre boussole intérieure :
- En 1951, Asch a fait passer à des volontaires un simple test de comparaison de longueur de lignes. Malgré une évidence visuelle, 75 % d’entre eux ont imité la réponse erronée de la majorité, de peur de se démarquer.
- En 1963, Milgram a simulé un dispositif pour étudier l’efficacité de la punition sur l’apprentissage. Deux tiers des participants ont infligé des chocs électriques fictifs, simplement parce qu’une figure d’autorité le leur demandait.
Faire confiance à notre boussole intérieure n’est pas une évidence, ça se cultive. À l’image de l’apprentissage du piano ou des mathématiques, cette confiance se nourrit progressivement au fil du temps et des expériences, à condition de porter son attention et sa conscience sur elle.
Alors, boussole externe ou boussole interne ?
Le référentiel auquel nous allons accorder le plus de valeur va donc influencer majoritairement nos choix :
- Si je donne plus de poids à la voix de l’autre plutôt qu’à la mienne, alors je cède à l’autre mon pouvoir de ressentir, de penser, et d’agir.
- Si je fais confiance à mon propre référentiel, je peux m’appuyer dessus et cela me donne plus de puissance et de pouvoir. Je choisis alors ce que je fais de ces informations extérieures.
👀 Et les jeunes dans tout ça ?
Revenons à cette jeune fille qui se confie à ChatGPT.
Quel crédit les jeunes accordent à l’Intelligence Artificielle ?
D’après une étude menée par Milan presse et l’institut CSA, 69% des 13-17 ans affirment savoir définir l’IA et un tiers définissent l’IA comme un système susceptible de remplacer l’être humain. De mon regard, beaucoup d’ados à qui j'ai demandé de définir l'IA assurent qu'elle « sait tout ». En tant que cheffe de projet sur nos programmes de sensibilisation pour les ados, et ancienne professeure, je constate que les jeunes ont un besoin urgent d’être soutenus pour développer leur esprit critique et faire confiance à leur propre voix intérieure, parmi l'avalanche d'informations qu'ils et elles reçoivent.
Dans cette même étude, on peut lire que 30% des répondants et répondantes disent utiliser l’IA pour « obtenir des réponses à des questions que l’on n’oserait pas poser à un adulte. »

Etude CSA réalisée pour Milan presse
Placer l‘IA « au-dessus », comme une autorité suprême et omnisciente, limite la capacité des jeunes à prendre des décisions autonomes. N’est-il pourtant pas essentiel qu’ils et elles se sentent capables de faire des choix éclairés en se basant sur leur propre savoir et convictions ? Rappelons que les IA ne sont que des machines programmées à partir de règles précises et pour certaines entraînées à partir de données et d'algorithmes choisis, et ce, dans le but d'effectuer des tâches pré-définies.
Confier aux IA le pouvoir de décider revient en réalité à le confier à celles et ceux qui les ont conçues.
Je me connais, donc je suis 👑
Je suis convaincue que si l’on apprend à écouter notre intuition et faire preuve de discernement, on saura toujours mieux que quiconque ce qui est juste pour nous.
Vous avez sans doute de la clarté sur vos compétences, celles qui sont reconnues à titre professionnel. Qu’en est-il de vos compétences psychosociales ? Celles qui vous permettent d’agir dans le monde à partir de votre boussole intérieure ?
Que vous demandiez conseil à un ami proche, un thérapeute, ou même à ChatGPT, prenez un moment pour observer et réfléchir au crédit que vous accordez a priori à sa réponse et à la mesure avec laquelle elle résonne avec votre vécu personnel.
Si vous avez envie de tester ce concept dès maintenant, allez sur humanornot.ai et engagez une conversation. Vous échangerez soit avec une personne réelle, soit avec un système d’IA qui analyse vos propositions et va faire appel à ses capacités d’apprentissage et son stock de données pour y répondre au mieux.
Posez une question personnelle et voyez comment la réponse résonne avec vos ressentis internes.
Alors, sauriez-vous dire si vous parlez à une IA ou à un humain ?