Voilà quelque temps que les IA génératives se sont installées sur nos ordinateurs, nos téléphones et même plus largement dans nos vies. Et parmi les choses qui nous taraudent, il y a cette impression que le sujet reste surtout réservé aux spécialistes dans les médias.

Pourtant, l’ampleur du phénomène concerne tout le monde. Il suffit d’en discuter avec son oncle, sa boulangère ou son primeur pour se rendre compte que beaucoup de personnes ont des choses à dire à ce sujet, mais surtout… des questions à poser.

C’est pour elles et eux qu’on a lancé cet été le Marché de l’IA : une démarche pour ouvrir le débat et la réflexion sur l'IA et permettre à chacun et chacune de mieux en comprendre les usages et les enjeux.

Entre deux saisons de marchés, on vous raconte aujourd'hui la genèse de cette démarche. Pour partager, inspirer ou peut-être, vous donner envie d'y prendre part à votre tour. 🙂
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Le point de départ du Marché de l’IA

Tout débute suite à un échange avec la Communauté Urbaine d’Arras, qui sollicite Latitudes pour former quelques agents à l’animation de la Bataille de l’IA, l'atelier qui explore les enjeux sociaux et environnementaux de l’IA Générative. Dans le cadre du mois du numérique, qui se tient au printemps tous les ans, la collectivité a prévu non seulement d’animer des ateliers de la Bataille de l’IA pour les citoyens et citoyennes mais surtout d’intervenir sur le marché d’Arras pour dialoguer avec eux et elles.

En parallèle, la démarche nationale Café IA, initiée par le Conseil de l’Intelligence Artificielle et du Numérique, qui recense des ressources pour créer des espaces d’échange sur l’IA (dont la Bataille de l’IA 😊) prend de l’ampleur. D’ailleurs, les équipes de Café IA sont mobilisées sur l’opération menée sur le marché d’Arras, une belle réussite avec pas moins de 250 participants et participantes !

Vous commencez à nous connaître, vous avez donc peut-être une idée de ce qui nous passe par la tête… un projet collectif pour allier nos forces avec Café IA et qui s’inspire des actions proposées à Arras.

C’est ainsi qu’est lancé Le Marché de l’IA ! Le principe est simple : ouvrir le débat et la réflexion sur l'IA et permettre à chacun et chacune de mieux en comprendre les usages et les enjeux - et tout ça, sur les marchés pardi !
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De la théorie à la pratique

Pour que ce projet devienne réalité, nous avons une certitude : nous devons travailler main dans la main avec celles et ceux qui agissent déjà au quotidien pour accompagner les citoyens et citoyennes à s’approprier les outils et usages numériques. En effet, nous n’avons pas pour intention de créer uniquement des espaces de dialogue ponctuels sur l’IA mais bien de nous allier aux acteurs et actrices de la médiation numérique déjà sur place. (Si le sujet vous intéresse, on vous invite à consulter notre article “Bienvenue dans le temps long” dans lequel on détaille notre cap pour les années à venir).

Ainsi, grâce au soutien de l’ANCT, de la Banque des Territoires et de la MedNum, nous allons à la rencontre des conseillers et conseillères numériques, médiateurs et médiatrices, agents de collectivités ou encore bénévoles pour leur proposer de déployer des marchés de l’IA autour de chez eux. En l’espace de 2 mois, nous recevons une centaine de marques d’intérêt !

Débute alors, la phase de création du contenu. Ici, pas question de réinventer la roue, nous nous appuyons avant tout sur les supports déjà existants de la Bataille de l’IA - notre jeu de cartes pour créer du débat autour des impacts sociaux et environnementaux de l’IA qui a déjà fait ses preuves auprès de plus de 12 000 personnes. Mais évidemment, appliquer une recette toute faite ne suffit pas et il y a fort à parier que les personnes se rendant au marché pour faire leurs emplettes n’ont pas forcément prévu de parler d’IA !

Grâce aux retours des acteurs et actrices de la médiation numérique et aux expérimentations menées précédemment, nous mettons sur pied un kit d’animation dans lequel on retrouve entre autres des éléments d’affichage afin d’interpeller les citoyens et citoyennes, un outil de concertation pour récolter les avis des citoyens et citoyennes sur leur perception de l’IA et surtout des astuces pour une animation réussie.

En complément, nous animons aussi de sessions en ligne pour se former à la prise en main des outils et surtout échanger avec d’autres personnes qui vont se lancer dans l’aventure.

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Pari réussi ?

À date, ce sont pas moins de 60 marchés qui ont eu lieu à Dié, Bletterans, Plouézec, Saint-Vivien Médoc, Locmalo et partout en France cet été auprès de près de 500 personnes. Ces marchés, on les doit notamment à Fatiha, Cédric, Sébastien, Fabienne, Pierre et bien d’autres qui ont décidé de relever le défi !

Plutôt que de vous en parler nous-même, on avait envie de vous partager quelques témoignages d’animateurs et animatrices qui se sont mobilisés cet été sur les marchés :

À Marennes-Hiers-Brouage, Muriel raconte : « De vraies rencontres enrichissantes, avec des professionnels en exercice ou jeunes retraités (juge du Tribunal de commerce, formatrice pour adultes, universitaire, architecte, commerçants, artisans, agents territoriaux...) qui ont tous une connaissance de l’outil, mais qui sont, soit réticents à l’utilisation professionnelle (mais pas forcément à titre privé), soit au contraire enthousiastes par rapport aux performances de l’IA mais toujours conscients des limites et risques afférents. À l’opposé, des personnes éloignées de cet univers et qui rejettent l’idée même de s’informer sur l’IA, que ce soit sur son fonctionnement, son utilisation ou ses applications. D’où le nombre assez significatif de réponses du type « Cela ne m’intéresse pas », «Non, franchement je ne vois pas l’intérêt » ou encore « Non, je ne me sens pas concerné par le sujet » dans le sondage anonyme ; la plupart préfèrent ne pas en parler, car ils pensent que le fait de l’ignorer leur permettra de ne pas y être confrontés, à tort car l’IA est maintenant intégrée à tous les outils numériques. L’initiative a étonné, mais les plus curieux, qui ont pris le temps de s’arrêter, l’ont trouvé bonne ! Pour preuve : plusieurs inscriptions aux ateliers sur l’IA [que Muriel propose] ».

Du côté de Saint-Hippolyte du Fort, Cyril partage un constat assez similaire : “Dans les réactions, on retrouve un cocktail assez révélateur : des « L’IA, ça fait peur », des « Comment fait-on pour résister ? » (esprit cévenol oblige), mais aussi de la curiosité pure, des « Si vous faites des ateliers on viendra »”.

Pour en découvrir davantage, on vous invite à lire avec attention le billet de blog de Matthieu ou encore ceux de Lionel ici et là.

Au-delà des chiffres de participations, ce qui nous rend fiers et fières chez Latitudes, c’est d’apprendre que certains des passants et passantes sur les marchés se sont inscrits pour participer en présentiel à des ateliers plus complets sur l’IA, c’est d’avoir su questionner et faire évoluer le format de la Bataille de l’IA pour aller toucher des publics avec lesquels nous avons peu l’habitude d’animer, sur des territoires parfois éloignés des grands centres urbains. C’est aussi de voir que des animateurs et animatrices implantés localement ont décidé de se former à la Bataille de l’IA pour enrichir leur offre d’accompagnement. Bref, c’est de contribuer à notre échelle à la dynamique existante.
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‍Pourquoi on vous en parle ?

Vous vous demandez peut-être pourquoi est-ce que l’on avait envie de vous parler de cette démarche ? Avant tout, car elle vous (et nous) concerne tous et toutes !

On ne vous apprend rien en vous rappelant que les outils numériques sont partout (aussi bien dans nos salles de classes que dans nos vies amoureuses et même dans nos assiettes), difficile donc de les ignorer et de ne pas se questionner sur la place que l’on souhaite leur laisser dans notre quotidien. Pourtant, l’IA (et le numérique plus largement) sont souvent présentés comme des sujets « d’experts et d’expertes ». On laisse beaucoup la parole à des personnes sachantes et on oublie d’écouter celles et ceux que l’on n’invite jamais vraiment à la discussion.

Pourtant, pour faire société (du moins dans notre système démocratique), on doit pouvoir écouter et faire entendre les avis de tous et toutes. Et d’autant plus, sur un sujet qui influence aussi largement la manière dont on fait société - à savoir les outils numériques. Il est donc impératif que tous les citoyens et citoyennes puissent débattre à leurs sujets et que les choix relatifs à leur déploiement (ou non) soient faits collectivement, via des instances démocratiques.

Alors si vous aussi, ça vous intéresse de participer au débat, on vous invite à vous inscrire à un prochain atelier de la Bataille de l’IA et pour les plus chanceux et chanceuses, à guetter l’arrivée des marchés de noël : il semblerait que les marchés de l’IA soient de retour à cette occasion !

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